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Plusieurs fois est l’œuvre d’art inaugurale du programme d’art public L’art dans la ville.
Œuvre en cours de maintenance
Elle a été envisagée par Claude Closky comme un compteur à affichage digital, indiquant chaque déplacement du tramway.
L’œuvre mesure 2,50 m de haut, et sa structure en métal ressemble à un immense T : T comme Tramway, T comme Trajet, T comme le Temps qui passe…
L’œuvre est un repère pour les voyageurs. Elle symbolise le côté rassurant du quotidien : qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, Plusieurs fois ne s’arrêtera jamais de compter. Cette répétition des choses peut sembler monotone, mais Claude Closky lui donne une tout autre dimension.
L'écriture et le récit
Le nombre de passages du tramway évolue à l’infini et s’affiche sur le compteur de l’œuvre. Parfois rouges, parfois verts, les chiffres se mettent à clignoter à certains moments, et provoquent l’étonnement des passagers qui se demandent ce que cette turbulence indique. L’artiste explique alors qu’il a choisi de mettre en relief les nombres qu’il qualifie de «spéciaux», ceux qui forment un compte rond (10, 2000, 500000…) ou ceux qui présentent une répétition (111, 3030, 565656…). Célèbre pour son obsession des chiffres et des répétitions, Claude Closky passe son temps à détourner les codes conventionnels afin d’en proposer une nouvelle lecture. Pour lui, les nombres englobent toute une partie de notre vie sociale : date de naissance, numéro de téléphone, code bancaire… À chacun sa propre lecture. Plusieurs fois est aussi là pour nous rappeler que les chiffres appartiennent à tous et qu’ils font partie de notre quotidien intime.
Immergé dans un environnement urbain, Plusieurs fois est vu chaque jour par des milliers de voyageurs et demeure en constante évolution. L’afficheur est d’ailleurs composé d’une ligne de dix-sept caractères, ce qui lui confère une durée de vie d’un million d’années !
Claude Closky est né en 1963 à Paris, où il vit et travaille.
Formé à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs à Paris, Claude Closky est d’abord peintre avant de s’intéresser à d’autres pratiques artistiques et notamment aux supports multimédia et à la création numérique.
Sa démarche artistique met en œuvre la répétition des motifs, des images, des codes pour les transformer et les détourner de l’intérieur. Il souhaite rompre avec la multitude des messages publicitaires qui s’imposent incessamment à notre esprit et avec l’univers peuplé de messages et de chiffres. Les actions d’énumérer, classifier et accumuler fondent les bases de son travail. Pour lui, l’art naît d’une formule mathématique et le langage lui permet de réordonner, de s’approprier le monde qui l’entoure. Claude Closky collecte les signes puis il les décode à sa manière, les pousse jusqu'à l’absurde, se moquant ainsi des conventions de représentation. Tout en conservant une impression de légèreté, ses œuvres créent une distance critique avec les modèles qui régissent notre quotidien : l’artiste simplifie en quelque sorte notre lecture du monde.
Les débuts fracassants
Claude Closky est né à Paris en 1963, où il vit et travaille.
Etudiant à l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs, à Paris, il cofonde en 1984 le collectif de peintres Les Frères Ripoulin. Keith Haring et Kenny Scharf sont leurs modèles, et ils se revendiquent à leur tour du mouvement Figuration Libre, un art « sérieux », à la fois minimaliste et conceptuel. Mais leur notoriété est de courte durée, le temps de participer tout de même à la Biennale de Paris, d’exposer à la galerie Tony Shafrazi, à New York, et d’inaugurer les nouveaux locaux du CNAP et de la Délégation aux arts plastiques (DAP – Ministère de la culture et de la communication) à Paris. Faute de réussite financière, les membres des Frères Ripoulin se séparent en 1985.
Parallèlement, Claude Closky continue son activité de peintre. Dans le cadre de ses recherches, il découvre les miracles dont un ordinateur est capable. Séduit par la facilité et par la multitude de possibilités esthétiques qu’offre son écran, il abandonne bientôt la peinture, qu’il juge alors trop cruelle face au manque d’inspiration.
L’œuvre de Claude Closky se développe ensuite autour de deux axes principaux :
la science de la classification
l’utilisation de la publicité comme première source d’inspiration.
Énumérer, classifier et accumuler
En 1989, il réalise ses premiers livres et dessins, portant déjà un intérêt aux différents modes d’expression que les deux supports induisent. Claude Closky exécute ses dessins, très sommairement, au stylo-bille sur du papier bristol, et le tout en quelques secondes. Le résultat est maladroit, presque bâclé, mais il traduit une certaine spontanéité dans la réalisation. Pharmacie ouverte (1989), Un « e » qui ressemble plus à un « i » qu’à un « e » (1991), Le milieu d’un clou (1993) : au final, ses dessins n’exigent aucune habileté et ressemblent davantage à des schémas explicatifs.
Ses livres cependant, exigent un délai de mise en œuvre, tout est dans le discours. Dans Les 1000 premiers nombres classés par ordre alphabétique, il invente un nouvel ordre des nombres, d’une manière bien littéraire. Les actions d’énumérer, classifier et accumuler fondent les bases de son travail. Pour Claude Closky, l’art naît d’une formule mathématique et le langage lui permet de réordonner, de s’approprier le monde qui l’entoure.
Dans les nombreux ouvrages qu’il édite par la suite, il continue de revisiter le principe de série, toujours d’un point de vue anti conventionnel : Les 365 jours de l’année 1991 classés par ordre de taille (1991) ; Tout ce que je peux faire (1992) ; 8560 nombres qui ne servent pas à donner l'heure (1994)…
Claude Closky est un adorateur de l’accumulation et des classements irrationnels, son travail frôle parfois même l’obsession.
La publicité, témoin de la société
Dans un tout autre style, il réalise également des livres composés de collages, qui reflètent plus clairement l’esprit dans lequel il appréhende la réalité des objets. Claude Closky commence à s’imprégner des pages publicitaires des magazines et impose, à travers les images, sa vision personnelle du monde. Depuis, il a réalisé plus d’une trentaine de livres, mais pour parler justement, il ne les a pas écrits. Claude Closky n’écrit pas des livres, il produit des œuvres d’art. Ses livres-objets et ses dessins méritent donc d’être regardés comme tels.
Son travail emprunte ensuite un nouveau chemin, qui le pousse vers l’utilisation de la publicité comme témoin de notre société. Claude Closky réalise ses premières vidéos, qui s’inscrivent dans la continuité de ses livres et dessins. Toujours attaché au principe de série, il s’amuse à mettre bout à bout des extraits de films et présente ses vidéos comme un défilé d’images. La vidéo 200 bouches à nourrir (1994) est le résultat de trois jours de programmes télévisés, enregistrés en continu jusqu'à l'indi-gestion visuelle. Elle montre une société agitée par le principe d'autophagie, où tout semble devoir être consommé, y compris soi-même.
Claude Closky s’amuse à détourner le langage des médias. La publicité devient pour lui un moyen de décrire le mode de vie contemporain, celui de la consommation omniprésente. Il considère que le marketing fait partie de notre quotidien. C’est pourquoi il n’hésite pas à le décliner sous toutes ses formes. En 1997, il réalise la vidéo Hydrastar, un écran noir où s’affiche une liste de produits de beauté ou para-pharmaceutiques. Sur un jeu de suffixes et de préfixes, il détourne chaque élément : Hydrastar, Hydralift, Bodylift, Bodygel, Actigel, Actiphase…
Décidément, Claude Closky ne peut s’empêcher de tout réorganiser à sa manière. Dans son travail, la place du texte est primordiale, quel que soit le support. Il recycle la masse débordante de messages véhiculés par les médias et la publicité afin de mettre en œuvre une réflexion sur la construction de l’identité.
Détourner les codes de représentation
Autour de 1995, il commence à s’intéresser véritablement à la photographie, qu’il considère dès lors comme une confrontation directe à la réalité. Accompagnée de textes, il décide de l’aborder en utilisant la négation : Une tarte que je n’ai pas mangée (1994), Un pistolet avec lequel je n’ai tué personne (1995), 100 photos qui ne sont pas des photos de chevaux (1995)…
Chez Claude Closky, la vérité doit éclater à travers la non-affirmation, cela étant aussi un moyen de se confronter à la réalité. Le concept fut d’ailleurs soutenu par Roland Barthes dans les années 70, lorsqu’il déclarait : « L’antithèse est le spectacle même du sens », une phrase qui pourrait aujourd’hui habiter l’œuvre closkyenne.
Claude Closky collecte les signes puis il les décode à sa manière. Il n’hésite d’ailleurs pas à les pousser jusqu’à l’absurde, se moquant ainsi des conventions de représentation, comme dans Bain de minuit, ou Match de foot entre amis (1998).
Si la publicité est le support de son œuvre, il faut admettre que Claude Closky la maîtrise avec beaucoup d’humour. Usant de l’ironie, il met en évidence les principes vantés par les magazines féminins : l’être, l’avoir et le vouloir se révèlent comme les mots d’ordre de la société de consommation, qui nous fait croire que richesse, beauté et jeunesse sont les seules conditions au bonheur.
En 1999, son œuvre est récompensée par le Ministère de la culture et de la communication, qui lui décerne le Grand prix national d'arts plastiques.
Vers un art numérique
Claude Closky enseigne depuis 2004 à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Il s’est intéressé à d’autres pratiques artistiques, et notamment aux supports multimédia, pour créer à sa guise sites Internet et œuvres en ligne. Devenu spécialiste de la création numérique, il a d’ailleurs été sollicité par le centre d’art contemporain de Grenoble, Le Magasin, pour la création de son site Internet, un véritable support artistique.
Le Ministère de la culture et de la communication lui commande à son tour une œuvre, Plus beau, qui est inaugurée en 2005 dans les nouveaux locaux de l’institution. Et la même année, Claude Closky reçoit le prix Marcel Duchamp. Le centre d’art Georges Pompidou lui offre alors la possibilité de réaliser une installation : Manège. Dans un grand espace vide sont accrochés aux murs seize écrans qui, à tour de rôle, font apparaître une image en mouvement. Chaque séquence dure quelques secondes, elle décrit une action ou un geste. Au total, il y a des milliers d’images, toutes prélevées sur Internet, qui font clignoter la pièce et entraînent le spectateur dans une ronde illusoire et futile, à l’image du manège.
Les œuvres de Claude Closky, malgré ce qu’elles traduisent, n’ont rien de dramatique, bien au contraire. En tant qu’artiste, il ne se revendique pas au-dessus de tout cela, car ce qu’il montre, c’est aussi le monde dont il fait partie, la société dans laquelle il vit. Tout en conservant une impression de légèreté, ses œuvres créent une distance critique avec les modèles qui régissent notre quotidien : Claude Closky simplifie en quelque sorte notre lecture du monde et ce, pour notre plus grand bien.