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Un lion bleu empathique, irréel et surdimensionné vous accueille sur la place Stalingrad.
Située rive droite, dans l’alignement du pont de pierre et de l’avenue Thiers, la place est un hommage à la victoire de l’armée soviétique durant la Seconde Guerre mondiale. Xavier Veilhan souhaitait donc offrir à ce lieu une œuvre surdimensionnée, qui cristallise son identité. Il a choisi une figure animalière, celle du lion. Dans la statuaire commémorative du XIXe siècle, le lion était censé symboliser la vaillance, le courage et la force des vainqueurs. Cependant, ce lion-là n’a rien d’un guerrier. Malgré sa taille imposante (8 mètres de long sur 6 mètres de haut), il ne représente aucun danger, ni violence, ni effroi.
Figure archétypale, icône de l’imaginaire collectif
Le lion, de couleur bleu ciel, a la patte avant droite posée sur un rocher, l’air fier. Sa tête est levée et il regarde en direction de l’autre rive du fleuve. L’animal, au caractère bienveillant, est une invitation. Il offre une dimension chaleureuse à la place Stalingrad, qui fut autrefois un endroit de la ville délaissée par les bordelais. Xavier Veilhan aborde avec ironie la symbolique de la statuaire et se préoccupe davantage de la forme que du sens réel donné à son œuvre.
L’impact visuel du lion est saisissant, renforcé par sa plastique géométrique. Xavier Veilhan a travaillé la sculpture à l’aide d’un logiciel qui permet de moduler sa forme, en pixellisant ses volumes. Ce processus numérique lui confère un aspect virtuel, qui le transforme en icône de l’imaginaire collectif.
Le lion signe dans le paysage urbain, à la manière d’un repère visuel immanquable. Il interroge les possibilités de représentation, dépassant le caractère illustratif ou narratif de l’image. Cette œuvre possède en elle les représentations et les symboles qui, de la Metro Goldwyn Mayer, en passant par Richard Cœur de Lion, Peugeot, ou encore Disney, appartiennent à la culture universelle. Le spectateur, plongé dans la fiction, se crée alors son propre récit.
Xavier Veilhan est né à Lyon en 1963. Il vit et travaille à Paris.
Il a développé son œuvre autour de la représentation d’éléments génériques reconnaissables, qui appartiennent à la culture universelle.
Ses modèles sont des objets, des personnages ou des animaux, qui servent de support à de multiples détournements, dans un langage artistique volontairement réduit à l’essentiel : une forme, une couleur, un matériau. Afin d’explorer les différents modes de représentation et de les interroger, l’artiste manipule la sculpture, la peinture, la photographie numérique, la vidéo ou encore l’installation. Il fait aussi bien appel aux techniques artisanales qu’à la technologie de pointe, oscillant toujours entre classicisme et modernité.
Ses œuvres se veulent ancrées dans leur époque, à la manière de signaux faisant appel à l’imaginaire collectif. Partisan d’une esthétique sociale efficace et lisible, il qualifie son travail d’« outil de compréhension du réel », et pousse le spectateur à examiner son rapport personnel aux objets, puis à s’interroger sur l’ensemble des conventions, des codes et des mythologies qui forment le lien social.
Xavier Veilhan est le premier artiste contemporain français à avoir été invité à exposer ses œuvres au Château de Versailles en 2009.
Il a également été choisi pour représenter la France lors de la Biennale de Venise en 2017.
L’esthétique relationnelle
C’est à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris que Xavier Veilhan débute ses études, avant de suivre des cours à la Hochschule der Künste à Berlin. Il s’inscrit en 1989 à l'Institut des Hautes Études en Arts plastiques à Paris. Sa première exposition a lieu en 1991, à la Galerie Jennifer Flay, à Paris.
L’œuvre qui a rendu Xavier Veilhan célèbre est une sculpture, celle d’un rhinocéros rouge, laquée comme une Ferrari. Acheté par le Centre Pompidou en 2000, l’animal devint aussitôt une icône. Partisan d’une esthétique sociale efficace et lisible, l’artiste fut alors classé par la critique dans le mouvement de l’esthétique relationnelle, dont il fait toujours partie. Son travail, qu’il qualifie d’« outil de compréhension du réel », pousse le spectateur à examiner son rapport personnel aux objets, puis à s’interroger sur l’ensemble des conventions, des codes et des mythologies qui forment le lien social.
Les possibilités de représentation
Dès ses premières expositions, Xavier Veilhan a développé un travail autour de la représentation. Il utilise comme sujets des éléments génériques reconnaissables, qu’il emprunte à la culture universelle. Ses modèles sont des objets, des personnages ou des animaux, qui servent de support à de multiples formes de détournement. Toujours attentif à ce que le public le plus large puisse le comprendre, l’artiste choisit des images facilement identifiables, sans détail ni psychologie. Il déclare à ce propos : « je pense que dans la statuaire, en éliminant toute tentative de portrait psychologique, et en s'en tenant à un strict relevé corporel, on atteint une représentation plus universelle. »
Afin d’explorer les différents modes de représentation, l’artiste manipule la sculpture, la peinture, la photographie numérique, la vidéo ou encore l’installation. Il n’hésite pas à revendiquer son intérêt pour les signes extérieurs, voire la futilité, « car c’est là, dit-il, que s’exprime le désir des gens ». En réalisant ainsi des archétypes réduits à l’essentiel, Xavier Veilhan produit un art visuel, qui revendique l’appréciation du beau. Et pour concevoir ses œuvres, il utilise aussi bien les techniques artisanales que la technologie de pointe, oscillant toujours entre classicisme et modernité. Ses œuvres se veulent ancrées dans leur époque, à la manière de signaux faisant appel à l’imaginaire collectif.
Construction et mouvement
L’art de Xavier Veilhan réinterprète sans cesse les formes classiques, qui côtoient tour à tour le traditionnel et le contemporain. Cette caractéristique est particulièrement visible dans la série d’œuvres qu’il a réalisée autour du thème du progrès technique. En 1997, il avait proposé aux élèves d’un lycée technique de reconstruire une Ford T, à la main. Cette voiture, qui date de 1908, symbolise les premières productions à la chaîne. Elle représente le début de l’application du taylorisme à la dynamique capitaliste et incarne donc l’innovation, en matière de mécanique et d’économie. En faisant réaliser cette voiture à la main, c’est-à-dire selon un processus artisanal, Xavier Veilhan s’attaque aux standards et offre une interprétation déroutante de la modernité. Les œuvres qui suivront, telles que les bicyclettes, le scooter-tour de potier ou le coucou suisse, rendent compte de la fascination de l’artiste pour la construction de machines. C’est de son père, fabricant de bateaux que lui vint, enfant, le goût de la construction : « j’ai grandi avec l’idée que si je voulais avoir quelque chose, je pouvais le fabriquer moi-même. »
Chez Xavier Veilhan, il s’agit toujours de construction, une construction qui semble relever de la nécessité.
La notion de mouvement tient une place importante dans sa réflexion
Parallèlement, la notion de mouvement tient une place importante dans sa réflexion. L’artiste aborde, à travers nombre de ses œuvres, l’idée d’un monde en perpétuel mouvement, sur lequel on peut espérer avoir une petite influence, justement parce qu’il n’est pas statique. Animé par les concepts d’éclatement et de synthèse, Xavier Veilhan décrit le balancement entre un monde morcelé et un monde qui redevient lisible. Commencée en 2001, sa série d’œuvres Light Machines présente des panneaux lumineux sur lesquels sont fixées plus de mille ampoules, serrées les unes aux autres. De courts films, non-narratifs, sont projetés sur les panneaux et montrent des images animées, aux formes génériques, impersonnelles, plus ou moins abstraites. Une tache claire devient visage, une route apparaît comme une traînée de lumière instable, une silhouette dansante disparaît dans l’ombre… Ces tableaux qui combinent lumière et mouvement, offrent au spectateur une expérience inédite, dans laquelle la mobilité ne s’opère pas seulement dans la perception.
Statues urbaines
Xavier Veilhan est de plus en plus sollicité pour des projets de sculpture dans l’espace urbain. Ses « statues », comme il les appelle traditionnellement, sont érigées à la manière de monuments et donnent lieu à une réflexion sur la dimension commémorative de la statuaire publique.
Sa première commande publique date de 2004, il s’agit du Monstre, place du Grand Marché à Tours. À la fois attachant et mystérieux, protecteur et menaçant, Le Monstre est un personnage fantastique qui fait appel à l’imaginaire de chacun. Il provoque un impact visuel maximal, grâce à un langage artistique volontairement réduit à l’essentiel : une forme, une couleur, un matériau. Le Monstre est devenu un emblème, un repère urbain qui fait écho au passé médiéval de la place. Avec cette œuvre, Xavier Veilhan a renouvelé la tradition de la statuaire publique monumentale. Alors que la modernité avait tout fait pour se débarrasser de cette monumentalité, liée à la symbolique de la commande d’État, l’artiste s’approprie l’histoire de la statuaire et la réinvente à sa guise.
Un repère visuel immanquable
Dans le travail de Xavier Veilhan, l’objet est toujours reproduit suivant un profil franc, qui permet de l’identifier immédiatement. Par le biais de formes populaires, il produit des œuvres à la fois attirantes, ludiques et déroutantes, qui agissent dans le quotidien urbain.
Le Monstre est le premier projet public de Xavier Veilhan. En 2005, ce fut Le Lion, Place Stalingrad à Bordeaux, puis Les Habitants, situés devant le Palais des Congrès, à Lyon.
Ambivalente modernité
Les thèmes artistiques choisis par Xavier Veilhan sont assez variés :
Ces familles thématiques, bien que très différentes les unes des autres, possèdent pourtant un point commun, celui de la représentation. À travers chacune de ses œuvres, Xavier Veilhan interroge les modes de représentation et fait appel à toutes les expériences possibles. Tantôt il s’agit d’images génériques, tantôt d’abstraction. Tantôt il renie toute humanité, tantôt il cherche la rêverie. Tantôt il prône une esthétique numérique contemporaine, tantôt il se retourne vers des pratiques plus traditionnelles.
Xavier Veilhan est solidement relié à l’histoire de l’art, comme à celle de la modernité. Il a réussi à s’inscrire dans le paysage de l’art contemporain avec la liberté d’y revendiquer une forme de singularité. De septembre à décembre 2009, il est « l’artiste roi » du Château de Versailles. Huit œuvres originales sont exposées dans le palais ainsi que dans le parc : La Lune ; Le jet d’eau ; Les Architectes ; Le coucou ; Le gisant, Youri Gagarine ; Light Machines ; Le mobile ; La femme nue et Le carrosse. Dans ses installations, Xavier Veilhan questionne le format de l’exposition, s’inspirant de ses formes historiques, des plus anciennes aux plus contemporaines. Cette exposition à Versailles symbolise l’ambivalence de l’artiste, entre classicisme et modernité. Détaché de tout engagement, son art témoigne de notre temps et laisse le spectateur libre de se faire sa propre vision.
Xavier Veilhan ne se soucie pas du sens profond que certains artistes cherchent à donner à leurs œuvres, et avoue au contraire se préoccuper essentiellement de la surface. Bien qu’il joue avec les notions de génériques et de produits industriels, ses œuvres ne sont pourtant pas de simples objets de décoration. En remuant des images si familières, il crée un univers d’enchantement, une sorte d’échappatoire dans lequel chacun peut faire appel à son imagination.